Palais de musiques, labyrinthe de voix et d’instruments, loft sonore géant, concert permanent à tous les étages, festival de créations, galerie contemporaine, fourmillement musical d’immeuble, éventail du neuf et de l’inouï, millefeuille de sons et d’images, croisement de vidéos, feu d’artifice de partitions pour une multitude d’interprètes rebondis, méticuleux, silencieux, énervés, immobiles !

Soufflé, comme le souffle de la voix, comme un soufflé au fromage qui s'élève, comme le souffle intime et proche…

Nicolas Frize, compositeur et directeur artistique


Jean-Pierre Drouet, Michel Musseau, Pablo Cueco, Sylvain Lemêtre, François Sarhan, compositeurs invités

• Olga Pitarch, soprano, Christelle Séry, guitare, Samuel Favre, percussions corporelles et voix, Jennifer Hutt, voix, Samia Diar, voix, Mokrane Adlani, violon, Christian Makouaya et Amour Makouaya, sanzas : interprètes invités
• Dominique Moaty, soprano, Svetlana Samsonova, Bruno Perbost, Béatrice Fauré, pianos, Jean-Christophe Deleforge, contrabasse, Joseph Grau, flûtes : professeurs interprètes du CRR d’Aubervilliers – La Courneuve
• Hubert Humeau, voix, Céline Roulleau, piano, Fabien Cailleteau, piano, Dominique Brun, violoncelle, Mathilde Walpoel, harpe celtique, Patricia Kraeutler, flûte traversière, Aymeric Pin, clarinette, Rémi Tridot, percussions : professeurs interprètes du conservatoire de Saint-Denis
• Emmanuelle Tat, piano, professeur interprète du conservatoire de Pierrefitte-sur-Seine
• La Croche Choeur – direction Marie Joubinaux
• Chœur adulte de Saint-Denis – direction Hubert Humeau
• Et 80 autres élèves des conservatoires (CRR d’Aubervilliers – La Courneuve, Saint-Denis, Stains, Pierrefitte et Montreuil)

• Émilie Casanova, graphisme et illustrations

Concerts
L'immeuble s'étend sur 1000 m2 par étage et sur cinq étages : il est ici le lieu de multiples mini concerts de musique contemporaine donnés simultanément dans une foule de salles sur l'ensemble du bâtiment.
Bureaux, salles de réunion, salles de cours, lieux de passage et de stockage ; chaque lieu est détourné en lieu d’écoute et de concert, réaménagé et mis en scène pour accueillir les interprètes.
L’ensemble du site fait l’objet d’une mise en scène, avec habillages, accessoires et éclairages dédiés. Les couloirs transformés font l’objet d’une signalétique graphique singulière et ludique.
Un thème musical correspond à chaque étage : les silencieux au premier, les méticuleux au deuxième, les immobiles au troisième, les rebondis au quatrième et les énervés au cinquième.
Toutes les œuvres jouées sont courtes (6 à 7 minutes maximum) et sont écrites pour l’occasion ou choisies dans le répertoire contemporain d’après les thèmes des étages.
Une sélection de courtes vidéos est répartie également dans deux salles par étage.
Le public est invité à déambuler dans l’ensemble du bâtiment, librement, à la rencontre des œuvres, données simultanément et à des horaires précis dans toutes les salles ouvertes. Parfois l’audience est très réduite, pour un concert intime, proche des interprètes, parfois la salle permet un auditoire plus vaste, les interprètes étant selon les cas fixes ou mobiles, dans l’axe ou spatialisés.

Objectifs
Ce dispositif vise une approche ludique et simple de la musique contemporaine, adressée à un public très vaste : d’une part, chacun choisit où il veut aller et ce qu’il veut écouter ; les thèmes sont là pour générer du désir et de la curiosité – que peut-on appeler une musique silencieuse ou immobile ? Ce questionnement donne également une piste pour l’écoute. D’autre part, toutes les pièces sont courtes, on peut donc se permettre de prendre des risques, d’entrer au hasard dans un concert qui commence, tout en sachant que ce sera une expérience concise dans le temps.
La scénographie, très joyeuse, et le fait de déambuler dans un grand immeuble créent chez le spectateur une disponibilité particulière. Il est, de surcroît amené à rencontrer des pièces très vivantes, parfois teintées d’humour et d’une grande unité formelle par étage, qui rend l’écoute instruite et immédiate.

Thématiques
Les thématiques musicales proposées à chaque étage, font découvrir une grande diversité de formes, d’ambiances, de sensations de la musique contemporaine :

• Dans les musiques silencieuses du premier étage, on écoute des minimalismes, des intimités et des paysages. Il y a du réservé, calme, secret, muet, reposé, sage, mesuré, caché, profond, sourd, voilé, prudent, latent, retiré, souterrain, caverneux, pudique, discret, retenu, de l’inaudible, intérieur, intime, inconnu, anonyme, inexplicable, éternel…

• Dans les musiques méticuleuses du deuxième étage, on découvre des phrases, des gestes et mélodies. Il y a du minutieux, précis, pointu, détaillé, consciencieux, phrasé, nuancé, mélodique, concentré, fin, pointilleux ponctuel, rigoureux, juste, explicite, net, positif, délicat, soigneux, rigide, vigilant, de l’ ordonné, organisé, exact, et… de la dentelle…

• Dans les musiques immobiles du troisième étage, on entend des trames, continuums et suspensions. Il y a de l’arrêté, immuable, invariable, allongé, étendu, inactif, insensible, incessant, atone, du fixe, inerte, statique, permanent, figé, reposé, calme, stable, durable, continu, constant, persistant, prolongé, soutenu, suivi, lent, abandonné, mort, c’est hors du temps…

• Dans les musiques rebondies du quatrième étage, on est face à des pulsations, danses et polyrythmies... Il y a du rythme, des vagues, du retour, redoublement, mouvement, balancement, nombre, battement, de la répétition, pulsation, cadence, reprise, accumulation, duplication, fatigue, imitation, résonance, mesure, profusion, multiplication, répercussion, réflexion, transmission, de l’insistant, des échos…

• Et dans les musiques énervées du cinquième étage, on assiste à des jeux accidentés, des hoquets et des virtuosités. Il y a du virtuose, vif, rapide, discontinu, accidenté, agacé, excédé, impatient, tourmenté, échauffé, pressé, alerte, immédiat, véloce, hâtif, détraqué, agité, mouvementé, syncopé, convulsif, fortuit, de l’irrégulier, arbitraire, arythmique, inégal, irrationnel, agile.

Œuvres
Six compositeurs ont été invités à écrire des œuvres sur ces thèmes : Michel Musseau, Jean-Pierre Drouet, Pablo Cueco, François Sarhan, Sylvain Lemêtre et Nicolas Frize.
Ils ont créé à eux tous vingt-sept pièces inédites, aux factures et instrumentations diverses, pour voix, instruments, bandes...
Nicolas Frize a décidé pour cette occasion d’écrire en collaboration et pour des musiciens d’origine étrangère. Il a collaboré avec Samia Diar, chanteuse algérienne et le violoniste Mokrane Adlani, avec Jennifer Hutt, chanteuse américaine du groupe Faren Kahn et Amour et Christian Makouaya, joueurs congolais de sanzas. L’écriture de chaque pièce s’inspire de la qualité musicale des interprètes, en les menant dans des territoires qui ne leur sont pas familiers.
Un très large inventaire de pièces de répertoire vient compléter le programme, 76 pièces de 40 compositeurs : John Adams, Jean-Jacques Benaily, Luciano Berio, Patrice Bocquillon, Michelle Bokanowski, Elizabeth Bossero, Jean-Yves Bosseur, John Cage, Bruno Capelle, Bernard Cavanna, Guillaume Connesson, Philippe Drogoz, Jean-Pierre Drouet, Jean-Marc Duchennes, Delphine Dupré, Marc Favre, Philippe Fénelon, Joshua Fineberg, Henry Fourès, Nicolas Frize, Sofia Gubaidulina, Mauricio Kagel, Sylvain Leclerc, György Ligeti, François-Bernard Mâche, Yan Maresz, Arvo Pärt, Gérard Pesson, Agnès Poisson, Steve Reich, Jean-Claude Risset, Griffith Rose, Serge Sana, Giacinto Scelsi, Catherine Schmitt, Toru Takemitsu, Alain Vérité, Daniel Teruggi, Denys Vinzant, Yannis Xenakis.
Ces pièces ont été choisies selon les thèmes proposés et leur durée.

Mise en œuvre
Les interprètes sont des professeurs et élèves (cycles confirmés) des conservatoires de la Seine-Saint-Denis (CRR d’Aubervilliers-La Courneuve, Saint-Denis, Stains et Pierrefitte et Montreuil) ainsi que des professionnels invités.
Pour les élèves, cette expérience a été parfois une de leurs premières approches de la musique contemporaine, qui, abordée de cette façon ludique et festive, a révélé des qualités inattendues chez beaucoup d’entre eux.
Quelques-uns des professeurs encadrant le travail de leurs élèves ont participé en tant qu’interprètes aux concerts, certains ont joué avec leurs élèves, ce qui a créé une dynamique particulière entre eux.


« Soufflé ! » a aussi créé une première opportunité de collaboration entre les conservatoires de Plaine Commune, terre de culture et de création.




Toutes les photos sont de Bernard Baudin et André Lejarre - le bar Floréal


 

 

 

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